Projet de recherche collaboratif en Management, CAS Société Générale – Kerviel
L’affaire Société Générale – Kerviel constitue un vrai cas de Management, d’actualité, important, impliquant de très nombreuses problématiques managériales (Stratégique, Contrôle, gouvernance, Système d’information, Financière, Marketing, Ressources Humaines, etc.). L’objectif de ce projet est de porter un regard neuf d’experts en Management à la lumière du « projet » épistémique singulier des sciences du Management.
***
L’affaire Société Générale-Kerviel: Un superbe cas de management !
L’affaire Société Générale-Kerviel est, avant d’être un dossier judiciaire aux multiples rebondissements depuis 8 ans (Tribunal Correctionnel, Cour d’Appel de Paris, Cour de Cassation, Prud’hommes), un superbe cas de management des entreprises qu’il convient de regarder comme tel avec les grilles de lecture des experts du management.
Pourquoi la Société Générale a-t-elle investi dans des activités spéculatives à haut risque ? Pour des raisons de stratégie qui font suite à l’échec de la tentative de fusion avec une banque concurrente. La croissance ne pouvant se réaliser par l’externe, la banque a décidé de développer des activités spéculatives qui généreraient du chiffre d’affaires et du résultat.
Comment l’ancien dirigeant de la Société Générale peut-il être l’auteur d’un célèbre rapport sur la gouvernance d’entreprise[1] et ne pas mettre en place dans son propre établissement les recommandations formulées ? La lecture des travaux sur l’écart entre le discours et les pratiques managériales apporte une réponse.
Comment un trader peut-il prendre des positions spéculatives phénoménales (50 milliards !) sur sa propre initiative sans l’accord tacite de son organisation alors que l’enrichissement personnel n’apparaît pas comme la variable explicative ? La compréhension des incitations implicites et explicites en gestion des ressources humaines[2] permet d’identifier les ressorts qui conduisent à de tels comportements. Le comportement d’un salarié s’explique aussi par le contexte de l’organisation[3].
Une organisation peut-elle ignorer les positions prises par un trader en son sein ? Là encore, c’est ignorer totalement le fonctionnement d’un service de trading ou plus généralement d’une organisation.
Les systèmes d’information d’une banque peuvent-ils ignorer les informations d’un de ses traders ? Un minimum de connaissances dans ce champ conduit à une réponse négative.
Comment une organisation peut-elle ignorer plusieurs dizaines d’alertes signalant un comportement « hors normes » ? Les travaux sur le contrôle dans les organisations fournissent des éléments de réponse.
Sur toutes ces questions, la recherche internationale en management réalisée depuis 40 ans apporte des résultats robustes et très éclairants.
On ne peut donc qu’être surpris de constater que sur des questions qui concernent d’abord le management, la justice n’ait à aucun moment souhaité avoir le regard d’experts spécialistes du management, comme le font la plupart des pays avancés. Pourtant une telle demande avait été formulée dès 2009 par l’avocat de J. Kerviel[4].
Si la justice s’est trompée, c’est parce qu’on l’a trompée écrivent d’éminents juristes[5]. Pourquoi ne pas avoir mobilisé les compétences d’experts en management permettant d’éviter une erreur judiciaire ?
En fait ce que l’on appelle souvent à tort l’affaire Kerviel, est d’abord l’affaire d’une grande organisation dont il convient d’interroger les processus de management et de contrôle.
Face à ces nombreuses questions auxquelles les sciences du management apportent des réponses, un collectif de 35 Professeurs de management a développé en janvier 2015 une structure de recherche collaborative en management www.wikisgk.com visant à regrouper informations et expertises sur ce qui est d’abord un superbe cas de management.
[1] http://www.paris-europlace.net/files/a_09-23-02_rapport-bouton.pdf
[2] http://www.lepoint.fr/societe/affaire-kerviel-la-pomme-pourrie-et-le-tonneau-07-07-2016-2052785_23.php?utm_medium=Social&utm_source=Twitter&utm_campaign=Echobox&utm_term=Autofeed&link_time=1467904094#xtor=CS1-32-[Echobox]
[3] http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/de-zola-a-kerviel-les-banques-changeront-elles-un-jour-595363.html
[4] https://france-amerique.com/fr/societe-generale-jerome-kerviel-ne-peut-pas-etre-juge-dans-limmediat/
[5] http://www.lopinion.fr/edition/international/l-honneur-justice-il-faut-rejuger-jerome-kerviel-98955